La colère est une émotion nécessaire pour le développement de votre enfant, elle sert à exprimer des limites. Cette émotion peut durer de 30 sec à plusieurs heures. Il peut mordre, taper, hurler, donner des coups de poings, de pieds. Si la colère de votre enfant dure trop longtemps c’est que probablement cela cache une autre émotion (voir exemples). Lorsque l’enfant s’oppose c’est pour construire son identité, s’affirmer et dire « je ». Toutefois un enfant qui se jette à terre dans les supermarchés ou qui se cogne la tête contre les murs ce n’est jamais agréable, ni pour le parent, ni pour l’enfant. En tant que parents nous nous sentons souvent démunis face à ce comportement. La colère n’engendre pas forcément de la violence.
L’émotion vient du latin ex-movere, c’est ce qui nous met en mouvement, nous remue, nous touche. C’est une réaction externe à un stimuli interne. Comme les émotions sont une réaction biologique nous ne contrôlons pas leur apparition. Elles surgissent sans crier gare face à un événement extérieur.
Les enfants, jusqu’à 5-6 ans, sont dominés par leurs émotions, ils sont en incapacité de prendre du recul, d’analyser la situation, de raisonner.
La colère peut être une émotion éprouvée par différents types d’évènements, comme une blessure, une frustration, une injustice, une vexation, une décharge liée à un trop plein de tensions.
Attention, la colère n’est pas toujours la vraie émotion, elle peut en cacher d’autres, dans ce cas trouver et nommer la vraie émotion pourra aider votre enfant à mieux la gérer
Les colères de l’enfant sont une façon de s’exprimer, elle se produisent souvent lorsque :
- ne peut pas faire ce qu’il veut
- doit faire quelque chose qu’il n’a pas envie
- a besoin de libérer des tensions
- trop fatigué, trop excité
- n’arrive pas à accomplir une tache compliquée
- n’arrive pas à s’exprimer avec des mots
- fait des colères pour avoir des récompenses
- veut attirer l’attention des parents
- …
En tant que parent gardez à l’esprit que les colères de votre enfant ne sont pas dirigées contre vous mais sont une expression de son mal être. Les parents en subissent les conséquences mais ce ne sont pas eux qui sont visés. Votre enfant se permet d’exprimer sa colère devant vos car il a confiance en votre capacité à l’accueillir et trouver une aide.
Votre enfant peut parfois se mettre en colère pour ce qui vous semble être des broutilles, toutefois gardez à l’esprit que son cerveau n’a pas fini sa croissance et que pour l’instant il n’est pas en capacité de se raisonner.
La colère, comme toutes les émotions est une réaction physiologique, et non contrôlable (comme la tristesse, la joie ou la peur), il est normal de se mettre en colère et nous n’avons pas à en avoir honte, par contre il est important de savoir l’exprimer de façon adaptée.
Lorsque l’enfant se met en colère, le parent se sent attaqué et se met à son tour en colère et on entre dans un cercle vicieux.
Les parents ont toujours peur des préjugés et veulent à tout prix faire cesser la colère ce qui peut avoir l’effet inverse.
Lorsque le parent crie l’enfant peut se sentir agressé car il n’est pas dans une mauvaise intention.
A l’heure d’aujourd’hui être parent n’est pas toujours facile car il y a beaucoup de jugements, une grande pression sociale qui nous donne l’illusion d’être un « mauvais parent ».
Les réactions de l’enfant peuvent nous conduire à éprouver un sentiment de culpabilité et de dévalorisation face à une société trop exigeante.
Imaginez Jessica avec sa fille Anna, elle la tient par la main en sortant d’un magasin et Anna la lâche pour se diriger vers le parking de l’autre coté de la route. Jessica la rattrape par le manteau de façon virulente et lui crie dessus. Anna se met aussitôt à pleurer et à hurler.
Jessica s’est mise en colère mais en fait elle a eu extrêmement peur pour sa fille, quant à Anna elle n’a pas compris ce qui se passait et a eu également peur de la réaction de sa mère.
Dans ce cas-là la colère a caché la peur.
Axel est en train de construire une tour avec des cubes et au dernier cube la tour s’effondre. Axel se met très en colère et jette tous ses cubes à travers la pièce. Alice, sa mère, arrive interpelée par les cris de son fils ne comprenant pas sa réaction démesurée.
Emilie demande à sa fille Lou d’enfiler la tenue qu’elle lui a choisi pour aller à l’école, Lou se met en colère, se rebelle et dit non en exigeant de mettre une autre tenue (complètement inadaptée). Emilie étant pressée par le timing du matin n’a pas le temps de gérer les « caprices » de sa fille et essaie de lui enfiler sa tenue coûte que coûte, commence alors un rapport de force et la colère éclate des deux côtés.
Jérémy est dans un supermarché avec son fils Théo, ce dernier a repéré un pistolet à eau et demande à son père de l’acheter. Jérémy refuse et Théo se met à hurler et trépigner refusant d’avancer tant qu’il n’aura pas le jouet. Jérémy sentant les regards se poser sur lui éprouve de la honte, empoigne Théo et sort du magasin sans finaliser ses achats.
Mais comment faire pour empêcher, réguler, gérer toutes ses colères ?
Plusieurs solutions s’offrent à vous :
- la première chose à faire est de reconnaître, nommer et accueillir cette colère. La colère n’est pas une émotion à éviter ou à étouffer, il faut la reconnaître sans pour autant accepter les comportements inadaptés (insultes, coups, etc…). Il s’agit de comprendre la colère afin de la libérer sans violence.
- le faux choix : si nous reprenons le dernier exemple Emilie aurait pu proposer à sa fille le choix entre deux tenues.
- Pour la colère liée à la frustration ou à une accumulation de tensions vous pouvez proposer à l’enfant des alternatives afin de décharger cette colère : taper dans un coussin de la colère, froisser du papier et le jeter à la poubelle, souffler sur des plumes, déchirer des feuilles dans un catalogue jetable, gribouiller activement.
- Rester calme, ne pas argumenter ni d’essayer de raisonner l’enfant à tout prix mais être à son écoute et essayer de comprendre ce qu’il ressent.
- Dire calmement à l’enfant ce qu’il doit arrêter et lui expliquer ce qu’il peut faire.
- Lui proposer un contact physique s’il en a besoin.
- Rediriger l’attention
- dans le magasin Jérémy aurait pu acheter le jouet à Théo afin d’avoir « la paix », cependant il est important de rester ferme tout en acceptant la frustration de l’enfant (on peut reconnaître une envie, sans forcément la satisfaire) et en utilisant l’imaginaire pour dévier l’attention.
- Il faut éviter d’ignorer votre enfant ou de s’éloigner de lui (sauf si vous sentez la colère vous submerger et que vous êtes susceptible d’avoir des mots ou des gestes inappropriés) car c’est dans ces moments-là qu’il a besoin d’être rassuré et apaisé.
Anticiper et prévenir la colère.
Le cerveau de votre enfant est immature et ne lui permet pas de gérer certaines situations qui peuvent dégénérer rapidement. Les supermarchés très colorés, bruyants avec une multitude de stimulus sont propices à favoriser des émotions désagréables. Plutôt que d’emmener votre enfant avec vous faire les courses envisager une solution de garde, ou si vous n’avez pas le choix vous pouvez détourner son attention en lui proposant de vous aider à choisir les articles, favoriser la coopération, le rendre acteur et responsable.
Il sera préférable de lui proposer, une activité, des jeux, adaptés à son âge afin de ne pas favoriser une situation d’échec qui pourrait le frustrer et lui faire perdre confiance en ses capacités.
Les enfants aiment la routine, il est indispensable de leur expliquer le déroulement de leur journée. Tout changement soudain peut provoquer du stress, de l’inquiétude. Il est important de verbaliser et d’anticiper toute modification de l’emploi du temps.
Autant certains choix comme les vêtements ou le bain, avant ou après manger, vont permettre à l’enfant de s’affirmer et d’éviter le conflit (pas plus de deux choix). Dans certaines situations on ne peut pas demander à l’enfant de choisir, comme par exemple : « veux-tu aller te coucher maintenant ? ». Il est préférable d’anticiper et de dire par exemple : « c’est bientôt l’heure d’aller au lit ».
En tant que parents il faut être attentif aux habitudes et aux situations qui déclenchent les colères. Comme ne pas laisser les vélos en vue sachant que vous n’avez pas le temps d’en faire avec votre enfant, ne pas laisser des bonbons à disposition alors que vous êtes contre le fait qu’il en mange constamment, ne pas laisser la télé allumée si vous ne voulez pas qu’il la regarde, éviter de sortir quand votre enfant est fatigué ou malade, etc…
L’hygiène de vie, le sommeil, l’alimentation, l’exercice physique contribuent également à une meilleure gestion des émotions.
Dans la gestion de la colère il est souhaitable de mettre des mots sur ce qu’il ressent mais il ne faut pas négliger d’encourager votre enfant lorsqu’il a réussi à exprimer sa colère de façon adaptée à la situation (il a réussi à se calmer en tapant sur son coussin ou il a soufflé sur sa plume et ça lui a fait du bien).